Dimanche, midi, place Rouge

Un documentaire d’Alain Blum et Anne Kropotkine, réalisé par Charlotte Roux, La Fabrique de l’Histoire, France Culture, 26 août 2008.

Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les chars soviétiques écrasaient le Printemps de Prague. L’invasion de la Tchécoslovaquie mettait ainsi fin à l’espoir d’un « socialisme à visage humain » dans le bloc de l’Est. Face à une puissance dont les failles n’apparaissaient plus, on ne voyait guère qui pouvait changer le cours des événements. Et pourtant huit hommes et femmes soviétiques, dont rien n’annonçait qu’ils puissent avoir quelque étoffe de héros, ébranlèrent l’édifice, en manifestant le dimanche 25 août, sur la place Rouge, quatre jours après l’invasion. Ils s’appelaient Konstantin Babitsky, Tatiana Baeva, Larissa Bogoraz, Vadim Delauney, Vladimir Dremlyuga, Viktor Fainberg, Natalia Gorbanevskaya et Pavel Litvinov.

L’histoire qu’ils ont enclenchée s’est déroulée sans eux et pourtant leur simple décision a été déterminante. Ils ont montré qu’une révolte individuelle, personnelle, pouvait saper les fondements d’un système qui paraissait inébranlable. Après cette manifestation qui ne dura que quelques instants, ces hommes et femmes ont passé plusieurs années de leur vie en exil, en camp ou en hôpital psychiatrique. La plupart sont partis ensuite en exil, en France ou aux États-Unis. Ils sont restés finalement des gens ordinaires. Plusieurs d’entre eux nous racontent cette histoire, leur décision, la manifestation, la répression. 

Avec le témoignage de trois des manifestants, Viktor Fainberg, Natalia Gorbanevskaya  et Pavel Litvinov ; Irina Belogorodskaya, veuve de Vadim Delauney ; Alexandre Daniel, fils de Larissa Bogoraz ; Claude Frioux  et Irène Sokologorsky, universitaires français présents à la manifestation par amitié pour Larissa Bogoraz.

  • Lien vers l’émission sur le site de France Culture.
  • N. Gorbanevskaia, Midi, place rouge : dossier de la manifestation du 25 août 1968 sur la place Rouge, traduit du russe par Jacques Trivouss et Mariette Aventin, Paris, Robert Laffont, 1970, 319 p.
  • « Samizdat et tamizdat : quand une énigme de catalogage éclaire les circuits clandestins de la dissidence soviétique », par Aglaé Achechova, Le Carreau de la BULAC, 24 août 2018, en ligne.
  • « Des dissidents sur la place Rouge », par Nicolas Miletitch, Histoire & Liberté, Cahiers d’histoire sociale, D’un 68 l’autre, n°34, printemps 2018, en ligne.
  • « La dame de la place Rouge », par Véronique Soulé, Libération, 25 août 1998, en ligne.
  • « Natalia Gorbanevskaya, grande figure de la dissidence en URSS, est morte », Le Monde, 30 novembre 2013, en ligne.
  • « Pour votre liberté et pour la nôtre », par Anya Stroganova, Les Nouveaux dissidents, 20 août 2018, sur Victor Fainberg, en ligne.
  • « Il y a 50 ans, le courage de huit citoyens russes manifestant contre l’invasion de la Tchécoslovaquie », Radio Prague international, 27 août 2018, avec Pavel Litvinov, en ligne.